Saint Laurent de Bertrand Bonello
"1967 - 1976. La rencontre de l'un des plus grands couturiers de tous les temps avec une décennie libre. Aucun des deux n’en sortira intact."
Une décennie sur une vie, mais une décennie qui aura compté et qui suffit à dépeindre le personnage de Yves Saint Laurent dans toute sa complexité mais surtout dans toute son humanité. Peu m'importe que tout ne soit pas exactement comme dans la réalité, ce qui reste du film c'est bien l'image d'un créateur visionnaire, d'un homme curieux amateur de belles choses et avide d'expériences.
Bertrand Bonello a donné une humanité incroyable à Yves Saint Laurent, magnifiée par l'interprétation toute en finesse de Gaspard Ulliel.
Le film est esthétiquement sublime tout autant que la mise en scène.
La scène de rencontre et de séduction, en boite de nuit, entre Saint Laurent et Jacques de Bascher restera gravée dans ma mémoire. Un peu de Kubrick avec la touche Bonello, un grand moment de cinéma.
Tout y est dans cette version condensée de la vie de Saint Laurent : la vie d'un atelier de couture, la transformation de la femme par le grand couturier, les histoires d'amour, la gestion de l'entreprise et de la marque, l'inspiration, la fragilité du personnage, son amour de l'art...
J'ai adoré me plonger dans cet univers de création, du monde de la nuit des années 70 (Le Sept, Le Palace). J'ai adoré le film et tout le casting. Je n'ai pas vu la version de Jalil Lespert mais je n'ai plus vraiment envie de la voir maintenant...
Pourquoi j'y suis allée : parce qu'après "L'Apollonide, Souvenirs de la maison close" que j'ai adoré je voulais voir ce que Bertrand Bonello avait fait de l'icône Saint Laurent avec sa sensibilité.
3 coeurs de Benoit Jacquot
"Dans une ville de province, une nuit, Marc rencontre Sylvie alors qu’il a raté le train pour retourner à Paris. Ils errent dans les rues jusqu’au matin, parlant de tout sauf d’eux-mêmes, dans un accord rare. Quand Marc prend le premier train, il donne à Sylvie un rendez-vous, à Paris, quelques jours après. Ils ne savent rien l’un de l’autre. Sylvie ira à ce rendez-vous, et Marc, par malheur, non. Il la cherchera et trouvera une autre, Sophie, sans savoir qu’elle est la sœur de Sylvie…"
Très beau début et très belle rencontre au bout de la nuit de deux êtres qui semblent faits l'un pour l'autre. Puis l'histoire devient plus conventionnelle quand Marc rencontre Sophie (Marc et Sophie, fallait le trouver quand même, bref...). Puis Marc se rend compte que Sophie est la soeur de son âme-soeur et l'on suit un homme qui perd pied tout en restant debout et en allant au bout de cette histoire condamnée d'avance.
J'ai beaucoup aimé le début et puis je ne suis pas entrée dans l'histoire à laquelle je ne croyais plus. Tout ça pour ça... Je suis restée sur ma faim avec l'impression de beaucoup de temps perdu dans cette histoire d'amour où les gens font des choix par défaut...
Pourquoi j'y suis allée : pour Charlotte Gainsbourg et Benoit Poelvoorde et parce que la bande annonce m'avait attirée
Elle l'adore de Jeanne Herry
"Muriel est esthéticienne. Elle est bavarde, un peu menteuse, elle aime raconter des histoires souvent farfelues. Depuis 20 ans, Muriel est aussi la première fan du chanteur à succès Vincent Lacroix. Avec ses chansons et ses concerts, il occupe presque toute sa vie.
Lorsqu'une nuit Vincent, son idole, sonne à la porte de Muriel, sa vie bascule. Elle est entrainée dans une histoire qu’elle n’aurait pas osé inventer."
"Elle l'adore" est une fable contemporaine pas toujours crédible mais on est au cinéma et ce qui compte ce n'est pas forcément le pourquoi mais le comment...
On entre dans le vie pas toujours palpitante d'une star, entre les signatures de courrier aux fans et les obligations médiatiques. Une star avec ses problèmes et ses histoires de coeur compliquées comme le commun des mortels.
Sandrine Kiberlain, décidément en pleine forme dans le cinéma français depuis quelques années, toujours aussi à l'aise que ce soit dans le drame ou la comédie. Le film n'est pas vraiment une comédie mais le couple de policiers est d'un ressort comique certain.
Muriel rencontre son idole et s'échappe pendant un temps de sa vie réglée et calme, comme si elle jouait le rôle de sa vie; elle qui d'habitude la fantasme à coups d'anecdotes inspirées de son quotidien banal.
Au final, un polar original et sympathique et même si ce n'est pas un grand film j'ai passé un bon moment, c'est souvent largement suffisant ! Puis je me réjouis assez quand un film ne joue pas dans les codes de la morale habituelle.
Pourquoi j'y suis allée : Pour Sandrine Kiberlain et Laurent Lafitte et parce que je pensais que c'était une comédie !
Bodybuilder de Roshdy Zem
"À Lyon, Antoine, vingt ans, s’est mis à dos une bande de petites frappes à qui il doit de l’argent. Fatigués de ses trafics en tous genres, sa mère et son grand frère décident de l’envoyer à Saint-Etienne chez son père, Vincent, qu’il n’a pas revu depuis plusieurs années. À son arrivée, Antoine découvre que Vincent tient une salle de musculation, qu’il s’est mis au culturisme et qu’il se prépare intensivement pour un concours de bodybuilding. Les retrouvailles entre le père et le fils, que tout oppose, sont difficiles et tendues. Vincent va tout de même accepter qu’Antoine travaille pour lui afin de l’aider à se sortir du pétrin dans lequel il s’est mis. De son côté, Antoine va progressivement apprendre à découvrir et respecter la vie que son père a choisie."
Deux films dans le film : les retrouvailles tendues entre un père et un fils qui ne se sont jamais vraiment connus et une plongée au coeur de cette discipline particulière qu'est le culturisme.
On entre dans le rituel et la routine du bodybuilder qui s'astreint à une discipline de fer notamment les mois qui précèdent une compétition. Une discipline qui ne peut souffir d'aucun manquement et qui malgré l'addiction (aux compléments alimentaires ou à l'exercice) défend des valeurs intéressantes au sein d'une famille choisie. Roshdy Zem filme ce milieu avec beaucoup de tendresse.
Il n'est pas vraiment sympathique ce ptit con d'Antoine, s'empêtrant dans ses conneries. Il est long à la détente malgré la gentillesse des gens qui l'entourent. Il prend son temps pour se mettre du plomb dans la tête...
Sa rencontre avec un père qu'il connait à peine et dont il s'est fait une image de lâcheur sera explosive et salutaire. Un père simple, d'un flegmatisme réaliste, qui ne lâche pas au contraire, qui croit en ce qu'il fait. Un père qui n'a pas cherché à tout prix ce qu'un enfant n'a pas pu ou su lui donner. Un père qui estime ne pas à avoir à s'excuser pour son absence.
J'ai trouvé intéressant de se poser des questions et de réféchir autour de cette relation somme toute banale aujourd'hui. Il est toujours facile de blâmer ses parents parce qu'on y arrive pas, parce que l'on stagne; on le sait bien que c'est toujours la faute des parents, la société nous le rabâche, pourtant je pense qu'un adulte qui ne prend pas la distance nécessaire avec ses parents est condamné à être malheureux et ça n'a rien à voir avec l'amour que chacun se porte.
Un très joli film qui ne sombre jamais dans le pathos ou la facilité et qui réussit à émouvoir sans fioritures. Une vraie belle surprise.
Roshdy Zem, en ancienne star des podiums reconverti en prof de culturisme est drôle et émouvant.
Pourquoi j'y suis allée : parce j'ai tendance à faire confiance à Roshdy Zem, parce que le sujet était original.