Blue Ruin de Jéremy Saulnier
"Dwight Evans est un mystérieux vagabond dont la vie en marge de la société va se retrouver bouleversée par la libération d’un meurtrier.
Il va être entrainé dans une spirale de violence dont personne ne sortira indemne..."
Quelques minutes suffisent pour appréhender la dure réalité d'un SDF qui dort dans sa voiture et se débrouille comme il peut pour manger et se laver. On comprend que l'homme n'a pas toujours été à la rue. Il est organisé et méthodique pour survivre ce qui ne sera pas toujours le cas par la suite.
Lorqu'il apprend la libération du meurtrier de ses parents, son univers bascule. Animé par un esprit de vengeance, il fonce tête baissée en s'imaginant que ça va marcher comme il le faut, que sa façon de rendre la justice est justifiée.
Blue Ruin c'est l'épopée solitaire et vengeresse d'un homme ordinaire qui devient un meurtrier et va devoir assumer les conséquences de ses actes, conséquences qui pourraient affecter la famille qu'il lui reste.
On pensait cet homme faible et misérable, il va se montrer capable de ressources insoupçonnées pour défendre sa vie et plus.
Il fait face à une bande de prédateurs forcenés et il va se rendre compte que tuer n'est pas évident même quand on est motivé. Dwight est un anti-héros qui devient sympathique au fur et à mesure qu'il commet de grosses bourdes. On s'imagine à sa place. Comment se transforme t'on en tueur d'enfoirés (car oui les gens à qui il a affaire sont de sombres connards) sans préparation ni matériel ? Comment assume t'on la décision de tuer pour de vrai ?
Une histoire de vengeance classique pas du tout mise en scène de façon classique. Un anti-héros capable de tout et des situations bourrées d'humour noir. Blue Ruin est un film qui ne paye pas de mine avec un réalisateur et des acteurs inconnus mais à découvrir car c'est un ovni dans la production actuelle et il apporte un soufle nouveau au genre.
Pourquoi j'y suis allée : parce que j'aime les polars, parce que le côté inconnu et ovni m'attire toujours et aussi parce que le film était précédé d'une très bonne rumeur.
Two faces of january de Hossein Amini
1962. Un couple de touristes américains très élégants, le charismatique Chester MacFarland et sa jeune épouse Colette, arrive à Athènes. À l’Acropole, ils rencontrent Rydal, jeune guide américain parlant grec, arnaqueur de touristes à l’occasion. Séduit par la beauté de Colette et impressionné par la fortune de Chester, Rydal accepte sans hésiter leur invitation à dîner. Les McFarland se révèlent moins lisses qu’il n’y paraît : le luxe et leur raffinement cachent bien mal leur part d’ombre."
On tombe tout de suite sous le charme de l'atmosphère des vieilles pierres grecques, des allures et des costumes, des hommes à chapeaux, de la moiteur de l'été et de l'indol'ence des touristes. La classe et le style des années 60 comme je les aime.
Un trio uni par des liens fragiles qui semblent se déliter dans la chaleur et l'urgence des situations. Qui est l'intrus dans le trio, qui manipule qui ?
Le film est adapté d'un roman de Patricia Highsmith et on lui retrouve des airs d'autres adaptations cinématographiques comme Plein Soleil et Le talentueux Mr Ripley. Encore une histoire de trio qui tourne mal.
Le trio doit prendre la fuite et on passe des belles images d'Epinal au cauchemar complet. Le businessman propre sur lui perd pied, le vernis s'écaille. Le beau gosse ne perd jamais de vue l'argent qu'il peut se faire jusqu'à se perdre lui même (et moi je me perds dans le regard ténébreux d'Oscar Isaac...).
Un road movie dans la chaleur de la nuit avec ses enchaînements de galères et de drames, de trahisons et de jalousies. Une confrontation entre deux hommes sur le shéma attraction/fascination/haine.
The two faces of January a le charme des polars hitchcokiens mais il lui manque un tout petit peu plus de saveur. J'ai passé un bon moment mais je m'attendais à plus d'émotions.
Pourquoi j'y suis allée : parce que le casting d'acteurs que j'aime beaucoup, parce que l'époque des années 60 et parce que Patricia Highsmith.
Fastlife de Thomas Ngijol
"Fastlife : aller toujours plus loin, plus vite, pour briller aux yeux des autres : telle est la devise de Franklin. Franklin est un trentenaire mégalomane obnubilé par l’envie de briller à n’importe quel prix. Il devra choisir entre devenir un homme ou continuer à vivre la Fastlife."
Pathétique l'ancienne gloire qui essaie de revenir et de monopoliser l'attention. Même si on sait que c'est dur d'avoir été sous les feux de la rampe, le personnage est tellement antipathique qu'on se dit qu'il n'a que ce qu'il mérite.
Franklin se la joue, il est fier et arrogant, pour résumer c'est un gros lourd. Il finit par pèter les plombs et se grille partout, on se demande comment il peut être aussi con jusqu'au bout, rien ne semble l'ébranler.
Il orchestre sa descente avec tellement de brio, on assiste médusés au spectacle.
C'est plus fort que lui, il tente de faire des efforts et sa nature reprend le dessus même quand on y croyait enfin.
Quelques bons mots sur le milieu people, le milieu du rap, un Olivier Marchal à contre emploi, excellent qui sert un discours de société bien pensé.
Ce qui m'a fascinée c'est que Thomas Ngijol garde jusqu'au bout son personnage odieux sans jamais le trahir. Mais à force, je n'ai pas réussi à voir où il voulait en venir. Même si j'ai beaucoup ri, le film tourne en rond, pas vraiment de message, juste du divertissement. C'est déjà pas mal mais j'aurais voulu un peu plus...
Pourquoi j'y suis allée : parce que j'étais curieuse de voir le travail de Thomas Ngijol, parce que je voulais voir une comédie.
L'homme qu'on aimait trop d'André Téchiné
"1976. Après l’échec de son mariage, Agnès Le Roux rentre d’Afrique et retrouve sa mère, Renée, propriétaire du casino Le Palais de la Méditerranée à Nice. La jeune femme tombe amoureuse de l’homme de confiance de Renée, Maurice Agnelet, un avocat de dix ans son aîné. Maurice a d’autres liaisons. Agnès l’aime à la folie. Actionnaire du Palais de la Méditerranée, Agnès veut vendre sa part de l’héritage familial pour voler de ses propres ailes. Une partie truquée siphonne les caisses de la salle de jeux. On menace Renée. Derrière ces manœuvres guerrières plane l’ombre de la mafia et de Fratoni le patron du casino concurrent qui veut prendre le contrôle du Palais de la Méditerranée. Tombé en disgrâce auprès de Renée, Maurice met en relation Agnès avec Fratoni qui lui offre trois millions de francs pour qu’elle vote contre sa mère. Agnès accepte le marché. Renée perd le contrôle du casino. Agnès supporte mal sa propre trahison. Maurice s’éloigne. Après une tentative de suicide, la jeune femme disparaît à la Toussaint 1977. On ne retrouvera jamais son corps. Trente ans après, Maurice Agnelet demeure l’éternel suspect de ce crime sans preuve ni cadavre. Convaincue de sa culpabilité, Renée se bat pour qu’il soit condamné…"
On peut raconter toute l'histoire, c'est celle d'un fait divers qui continue de faire couler de l'encre plus de 30 ans après. Affaire non résolue et toujours en cours devant la justice. Je ne me souvenais pas du tout de l'affaire et je n'avais pas lu le résumé du film avant d'y aller. Mon regard était plutôt vierge du coup et j'aime beaucoup la façon dont André Téchiné a dépeint les protagonistes de cette triste histoire. Il se concentre sur les trois personnages principaux, Renée Le Roux propriétaire d'un casino, sa fille Agnès Le Roux (elle a des frères et soeurs mais le film n'en parle pas) et Maurice Agnelet, jeune avocat ambitieux.
Les interprétations de Catherine Deneuve, Adèle Haenel et Guillaume Canet sont justes et ils n'en font jamais trop ni pas assez.
On plonge dans l'univers des casinos et dans les luttes intestines, la concurrence sauvage et les supposées magouilles de la mafia. Maurice est un jeune avocat aux dents longues, on se demande où il veut en venir et quelles sont ses ambitions dès le départ. Il manigance sans succès pour devenir directeur du casino car Renée Le Roux est bien la seule qui ne se laisse pas amadouer par Maurice.
C'est la classique histoire d'une fille de famille en manque de repères affectifs qui tombe amoureuse du mauvais garçon.
Agnès et froide et déterminée et semble vouloir faire payer à sa mère un manque d'attention. Elle est tellement aveuglée par son amour qu'elle en devient pathétique et faible. Déjà très fragile
elle touche à la folie, de celle des passions à sens unique.
Ce n'est plus de l'amour mais de la désolation... Maurice est il un salaud alors qu'il annonce la couleur dès le départ à Agnès en ne mentant pas sur ses maîtressses par exemple ?
Cela semble l'histoire d'un abus de faiblesse caractérisé mais qui peut assurer sans preuves que la disparition d'Agnès est imputable à Maurice ? En sortant du film, chacun peut se faire sa propre opinion et perso, je n'arrive pas à me dire que le coupable est si évident et pourtant tout l'accuse...
L'instinct d'une mère est il fiable ? Et que penser de Renée Le Roux qui semble beaucoup plus s'occuper de sa fille morte que de son vivant...
Le film d'André Téchiné est une formidable et passionnante étude de personnages, maitrisé de bout en bout et d'une grande finesse.
Pourquoi j'y suis allée : parce que c'est un film de Téchiné, parce que les acteurs.